Je me trouvais sous l'arbre de Thalia. La journée était belle, le soleil était là, puis tout à coup le ciel devint gris. Il s'obscurcit et les épines du pin tombèrent sur moi. Non loin devant moi, une femme dans une robe sombre et resplendissante. Il y avait chez elle une certaine beauté... maléfique, qui s'en dégageait. Le genre de beauté qu'ont les bêtes féroces jusqu'à ce qu'ils vous sautent à la gorge.
Elle me fixait, et je constatais qu'à côté d'elle se tenait une toison dorée. La toison d'or.

- Et bien, c'est ça que tu veux ? Mon pauvre enfant. Il faudrait que tu viennes la chercher toi-même. Malheureusement pour toi, tu ne l'atteindras jamais. Et je tuerais quiconque tente de s'en approcher. Si tu l'as veux, alors viens à moi.

Quelque chose en elle me rappelait Médée. Mais elle semblait plus mature, plus puissante, plus effrayante. Derrière moi, je sentais monter les flammes sur la colonie. Et elle, elle souriait. Je me mis à avancer vers elle, espérant récupérer la toison, mais tout à coup une rivière nous sépara. Puis la mer et elle disparue au loin, bien trop loin pour que je puisse l'atteindre, jusqu'à disparaître.

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Je me réveillais en sueur dans mon bungalow. Tout ceci n'avait été qu'un cauchemars. Mais en tant que Demi-Dieu, il faut parfois prêter très attention à nos songes. C'était pas le genre de réveil que je préférais, autant le dire. Celui-ci avait un gout de défaite et de cendres.

J'enfilais rapidement un pantalon et mon t-shirt de la colonie, puis j'allais prendre mon petit déjeuner. On ne parla pas beaucoup à table et je ne mangeais pas grand chose. La faim m'avait quitté pour le moment. Mais une nouvelle venant de la table de derrière me réveilla en sursaut. Rachel était en route pour voir l'oracle et obtenir une prophétie pour sa quête. De quoi égayer encore plus ma journée...

- Je vous retrouve plus tard.

Dis-je à mes amis avant de me lever de table et de partir en direction de la grande maison. Je passais discrètement sous la fenêtre du salon qui était entrouverte. Chiron était à l'intérieur et Rachel venait de le rejoindre.

- Qu'est-ce que t'as dit l'Oracle ?
- L'enfant de la guerre voguera dans un bâtiment de fer,
Non sans la flèche et le voleur; du chant tu te libéreras,
Ce que tu cherches la sorcière a,
Mais dans son entre t'attend ton trépas,
Seule la mère te sauvera; si de son côté un allié aurait fait le bon choix.
- Hmm... la flèche et le voleur...
- Apollon et Hermès. Je sais déjà qui va m'accompagner. Je suis prête à partir Chiron.
- Très bien. Dans ce cas, va les prévenir et je vous attendrais au sommet de la colline.

J'entendais les sabots du Centaure, sortir de la maison. Je me plaquais contre le mur pour être le plus discret possible et le laissais partir. Lorsque Rachel quitta elle aussi la maison et se dirigea vers les bungalow. Je me dépêchais de la rejoindre, c'était là ma chance de participer à la quête.

- Rachel !
- Qu'est-ce que tu me veux Storm ?! Je suis occupé, contrairement à toi j'ai la colonie à sauver.
- Ouais, ouais. Justement. Je te propose de t'accompagner pour ta quête. J'ai déjà fait face à Médée et...
- Non Storm ! C'est ma quête et tu vas pas la gâcher ! Tu as eu ta chance, c'est mon tour maintenant. Donc dégage !

Après notre petite interaction, nous étions partit chacun de notre côté avec Rachel. Je n'avais pas insisté, c'était inutile avec elle. Du coup, à la place j'avais pris la directions des forges. A cette heure ci il n'y avait qu'Isaac et le chef de bungalow des Héphaïstos : Derek Sanchez.
J'avais une bonne raison d'être ici, il me fallait une nouvelle arme. Effectivement, mon épée avait quelque peu "fondu" après mon attaque contre l'Hyperboréen. Je le savais, ce n'étais pas la première fois. Ce pouvoir que j'avais employé avait déjà fait fondre ma toute première épée. Mais celle-ci, c'était celle que j'avais obtenu lors de ma première quête. J'y tenais beaucoup et elle m'étais bien pratique. Préférant ne pas m’apitoyer sur mon sort, il me fallait donc une nouvelle arme.

- Hey Mike ! Qu'est-ce qui t'amène ?
- Salut Isaac. Je viens demander un service en fait... il me faudrait une nouvelle épée.
- Ah oui, j'ai vu l'état de la tienne. J'ai déjà entendu parler d'un fils d'Héphaïstos capable de manier le feu, mais je doute que sa flamme aurait été capable de faire fondre le bronze céleste. Le feu que tu as manier est impressionnant.
- Plutôt gênant pour ma part. Je l'ai même pas fait exprès en plus...

Et c'était vrai. A cause de cette capacité que je ne contrôlais pas trop, je n'avais plus d'arme. C'était, je pense la première fois que je parlais avec Dexter. Faut dire qu'il est pas très bavard le bougre.

- T'en fais pas, je vais m'en occuper. On te doit bien ça après le coup de main pour le dragon de bronze.
- Ça sert à rien, il risque de détruire également l'arme que tu feras.
- Désolé, mais je ferais mon possible pour éviter, promis.
- Je n'en doute pas, mais ce qu'il te faudrait c'est quelque chose qui ne fond pas... hmm... suis moi.

Avec Isaac on se lançait un regard intrigué. Lui aussi ne comprenait pas. Donc on suivit Dexter jusqu'à un établi. Là, il entra un code digital sur le mur et l'établi laissa place à une armoire pleine d'armes. Il y a pas de doute, les enfant du Dieu forgeron sont vraiment classe.
De son attirail, Dexter prit une épée dorée. Ce qui étrange, car ce n'était pas la couleur du bronze céleste.

- C'est de l'or ?
- Presque. Vois-tu, ceci est de l'or impérial.

En voyant le regard d'Isaac, je comprenais que ce n'était pas rien. Loin de là.

- L'or impérial, c'est... ce sont les romains qui l'ont créé. Ils ont gardaient jalousement la recette secrète, tellement qu'eux même ont étaient incapable de la reproduire par la suite. Du coup, il y a peu d'or impérial qui existe. C'est très rare.
- Exacte. Il faut également savoir que l'or impérial à les même particularités que le bronze céleste.
- Sauf que ?
- Sauf que rien du tout, c'est juste plus rare et plus beau. Sauf que cette épée, elle est magique. Il te sera impossible de la détruire, tu peux me croire.
- Attend. Ca veut dire que tu me l'as donne ? Mais... après tout ce que vous venez de dire à son sujet...
- Ne soit pas gêné. Nous les enfants d'Héphaïstos préférons manier nos propres armes. Je ne peux rien faire de celle-ci, donc autant qu'elle sert à quelqu'un d'autre. Et... elle me rappelle de mauvais souvenir, donc je veux m'en débarrasser. Comme Isaac l'a dit, on t'en doit une. Je sais que tu en seras digne.
- Oh bah... je te remercie. Vraiment. J'en prendrais le plus grand soins.
- Très de blabla, prend la et tourne l'étoile.

Je m'exécutais. Le poids était idéale, elle était parfaite pour moi. Ce qui était étrange, car en général je suis plutôt difficile avec les épée. Une chance pour une fois. Sur le pommeau, il y avait le symbole d'une étoile qui ressortait. Je la tournait comme me l'avait dit Dexter et immédiatement, l'arme se transforma en un bracelet sur mon poignée. Comme le brassard d'une armure, il englobé la moitié de mon avant bras.

- Woaw. Ça c'est pratique.
- Ouais. Il te suffit de tourner à nouveau l'étoile pour récupérer l'épée.

J'observais alors l'étoile et derrière, il y avait un autre symbole. Un aigle.

- C'est le symbole de Zeus...
- Effectivement. Mais ne t'en fais pas, le Dieu ne devrait pas t'en tenir rigueur de l'avoir.

Cool. Avant que je m'en aille, le forgeron au regard sombre m'arrêta. Je pensais qu'il avait changé d'avis, mais rien à voir.

- Quoi que tu décides de faire. Fais le pour les bonnes raisons.

Je ne répondis que par un signe de tête approbateur. Savait-il se que j'avais en tête ? Probablement. Sinon, pourquoi m'aurait-il dit ça ?! Du coup je me mis à y réfléchir. Allais-je le faire ? Est-ce que j'allais quand même tenter de trouver moi-même la toison ? Les choses se bouleversaient en moi.

Rachel était partie, accompagné de Bart et Rose. Le voleur et la flèche. Bart et elle devaient sûrement avoir fait une sorte de pacte pour quand l'un d'eux aurait sa quête. Et Rose, honnêtement, qui ne la voudrait pas comme archère ? La seule autre personne qui lui arrive à la cheville c'est Diana. Sauf que Diana c'est une chasseresse et qu'elle ne s'implique jamais assez à la colonie pour prendre part à une quête.
Quoi qu'il en soit, ils avaient aussi emmenés avec eux : Woody. C'est un Satyre. Sois disant que les Satyre sentes la Toison et son pouvoir. Il ferait donc office de guide. J'avais dû les regarder partir sans rien pouvoir faire. Après le repas au soir, Lucy avait eu la bonne idée de me proposer de venir la voir dans son bungalow pour me changer les idée. Ce que je dis sans hésiter.

Ainsi, nous étions tous deux sur son lit à discuter de notre vie jusqu'ici. C'est cool de ne pas avoir d'autre frère et soeur dans son bungalow. Je veux dire par là, que parfois c'est beaucoup mieux si l'on veut être qu'entre amis. Il est loin le temps du Bungalow 11. Merci Apollon.

- Ok, donc à moi. J'avais 7 ans environ.
- Précoce dis donc.
- Chutt. Donc, j'étais à l'école et il y avait se grand garçon. Yeux bleus, plutôt costaud, les filles lui tournaient autour.
- Ok, ok, j'ai compris.
- Bref; un jour à la récré il vient vers moi - rendant toutes ces pimbêches jalouses - et il me propose d'aller dans le coin des "amoureux".
- C'est quoi ça ?
- C'était un endroit à l'abri des regard, juste sur le coin de l'école. Moi comme une idiote, j'accepte pensant qu'il voulait m'embrasser. Sauf qu'au moment où l'on se retrouve seuls, il devient un horrible Lestrygon. Il était jeune, mais suffisamment vieux pour que ce cannibale tente de me dévorer. J'ai réussi à lui échapper en fuyant l'école et je l'ai finalement plantais
contre une barrière en fer forgé. De la chance.
- C'est... triste.

On se mit à rire.

- Triste pour lui ?
- Non, je veux dire... ton premier baisé a failli être avec un géant cannibale. C'est ça qui est triste.
- Beurk, merci de me rappeler ce détail.

On riait à nouveau. C'était simple et vraiment sympa de parler avec elle. Lucy et moi, nous nous entendions très bien. J'aimais être en sa présence. Avec elle, je n'avais aucun mal à sourire. Jamais. Puis le sujet de conversation changea subitement. Elle le changea.

- Au fait, tu... tu ne comptes pas partir hein ?
- Je... je sais pas.
- Tu n'es pas obligé. Ils vont sûrement réussir, non ?! Tu peux rester là et leur faire confiance.
- Ce n'est pas une question de confiance. C'est que ces sorcières me veulent moi. Et j'ai l'impression que si je reste ici... j'ai l'impression que les choses ne vont qu'empirer.
- Peut-être pas. Peut-être... peut-être que tu peux juste rester là, avec moi.

Nos regards se croisèrent et je me forçais à lui faire un petit sourire en coin. En la regardant ainsi dans les yeux, j'avais du mal à lui dire non.

- De toute façon... ils sont déjà partit et je n'ai aucun moyen de quitter la colonie. Donc je suppose que je suis forçais de rester.
- Voilà, c'est réglé !

On continua de discuter un peu, puis au vue de l'heure tardive, je finis par partir.

En sortant du bungalow d'Éole, celui de Lucy, je ne me rendais pas directement au mien. Etre dehors après le couvre-feu est interdit, si je me faisais prendre j'aurais de gros ennuis. Mais c'étais pas la première fois. J'ai donc pris la direction de la plage.

Je m'installais au bord de l'eau calme au clair de lune, réfléchissant à quoi faire. Malgré ce que j'avais dit à Lucy, je ne pouvais m'enlever de la tête, que je souhaitais faire quelque chose.

- Ne fronce pas ainsi les sourcils.

Je sursautais et failli m'étouffer avec ma salive. Et quand je l'ai vue, j'en suis resté bouche bée. J'ai alors tout oublié, jusqu'à mon nom. J'ai oublié comment on fait une phrase entière.
C'était une fille. Elle portait une robe blanche dont les éclats de la lune reflétaient dessus. Ses cheveux cascadaient sur ses épaules et elle avait le plus beau visage que j'ai jamais vu de ma vie : un maquillage plus que parfait, des yeux étincelants, un sourire qui aurait éclairé la face sombre de la lune. Et il y avait comme un aura resplendissante qui l'entourait.
Maintenant que j'y repense, je suis incapable de la décrire en détail. Pensez à la plus fabuleuse actrice que vous connaissiez : la déesse était dix fois plus belle. Toutes les grâces qu'une femme peut avoir : elle les avait. Quand elle ma souri, elle a ressemblé un court instant à Yuna. Puis à une actrice que j'aimais beaucoup.

- Sais-tu qui je suis ?
- A ga ga.

Quel crétin je faisais. J'arrivais même pas à placer un mot correcte.

- Comme tu es mignon.

Elle sourit et je me pinçais pour pouvoir reprendre un minimum mes esprits.

- Vous êtes... la Déesse Aphrodite.
- C'est exacte. Tu dois te demander ce que je fais là.
- Euh... bah euh... oui.
- Disons simplement, que je te vois comme un investissement à long terme. Et par conséquent, je vais t'aider.

Là, je réussis à reprendre mes esprits. La curiosité et la frustration de me sentir tout à coup manipulé passé au dessus de tout le reste.

- M'aider à quoi ?
- Tu souhaite partir à la recherche de la Toison toi aussi, n'est-ce pas ? Et bien je vais t'aider à le faire.
- Et je dois faire quoi en contre partie ?
- Oh, rien du tout. Je me délecterais de tes histoires sentimentales. J'ai hâte de voir comment ça va se passer pour toi.

C'était étrange, mais après tout elle est la Déesse de l'amour. Je n'avais pas la tête à l'amour pour le moment, alors elle pouvait croire se qu'elle voulait. J'étais donc prêt à accepter son aide. Elle l'a surement compris, car elle me sourie et fit un geste de la main vers l'océan. C'est alors qu'une ligne blanche c'est dessiné sur les flots, se dirigeant vers nous. Alors, la tête d'un étalon blanc sortie de l'eau. On pouvait voir que seule la tête était celle d'un cheval, le reste de son corps était plutôt celui d'un poisson avec des nageoires multicolores.

- Un hippocampe...

Murmurais-je. Je regardais un instant derrière moi, vers la colonie.

- Tu n'as pas le temps. Tu dois partir maintenant ou tu n'auras pas de seconde chance.
- D'accord. J'y vais.
- Parfais. Mais une dernière chose. Prend ceci, c'est un cadeau promotionnel.

J'étais un peu déssus, car j'aurais au moins souhaité prévenir Lucy et Ethan. Voir prendre quelques affaires. Je n'avais que l'arme en or impérial toujours à mon poignée, ainsi que mon skateboard magique avec lequel j'étais venu ici. La Déesse me tendis un flacon de parfum.

- Euh... merci. Du parfum ?
- En quelque sorte. Il permet de rendre leur véritable apparence à ce qui se déguises. On ne sait jamais, ça pourrait te rendre service.
- Merci beaucoup.
- Allez, va jeune Héros. Et rend moi fière.

Je fourrais le flacon de parfum dans la poche intérieur de ma veste et entrais dans l'eau avant de grimper sur le dos de l'Hippocampe. Puis, celui-ci se mit à nager à une vitesse incroyable. Je jetais un dernier coup d'oeil derrière moi. La Déesse avait déjà disparue et la Colonie devenait rapidement de plus en plus petite. Je partais de nouveau à l'aventure.